Lorsque j’étais adolescente, j’aimais la poésie et je me souviens d’une phrase qui avait éveillé en moi une profonde nostalgie:
J’aimerais être une simple flaque d’eau pour refléter le ciel.
Revenir à la simplicité, à la transparence qui permettrait à l’infini de l’univers de se refléter en moi… L’idée me fascinait: me rendre invisible pour laisser place à plus grand que moi. Cette simple phrase concentrait à elle seule un sentiment que je vivais alors comme une contradiction. Je me sentais à la fois insignifiante au regard de cet univers immense, et dans le même temps je ressentais une énergie puissante que mon corps semblait avoir du mal à contenir. La flaque d’eau, c’était moi, le ciel, c’était moi aussi. Comment concilier les deux? Il y avait une piste à suivre, une invitation au voyage intérieur.
Cette aspiration restait là, dormante, et lorsque j’ai commencé la méditation, elle a réveillé ce désir de devenir une personne simple et cependant riche de l’immensité de l’univers. Cette aspiration spirituelle est présente dans le cœur de tous. Cet état d’éveil n’est pas réservé aux Bouddhas, il est pour chacun de nous, si nous nous laissons fasciner par la beauté de notre monde intérieur et que nous méditons tout comme ils l’ont fait. La différence entre nous et ces géants spirituels, c’est la différence entre le sommeil et l’éveil, entre le potentiel et le réel… mais ce pas est-il infranchissable?
J’ai quitté l’adolescence, mais je ne suis pas encore comme le Bouddha! Cependant la méditation m’a fait faire quelques pas dans la bonne direction… et grâce à elle, j’ai changé. Alors qu’auparavant j’avais tendance à regarder l’aspect extérieur des gens, je perçois maintenant leur dimension intérieure, celle de la profondeur, car j’ai appris à regarder avec les yeux du cœur.
Et c’est en scrutant la profondeur de mon propre cœur durant la méditation que j’ai découvert cette profondeur dans le cœur de tous ceux qui m’entourent.
Bénédicte Hervy