Qu’est-ce qui vous donné envie de rejoindre la semaine internationale du yoga?
Je pratique le yoga depuis l’adolescence, depuis mes 16-17 ans. C’est un ensemble d’outils qui m’a accompagné toute ma vie dans mon développement personnel, familial et professionnel.
Pour moi, le yoga n’appartient pas à l’Inde, c’est un bien universel qui appartient à l’humanité. Il est tellement universel dans son approche que quelque soit notre profil religieux, athée… il nous suffit d’avoir une conviction afin de pouvoir en bénéficier; celle que nous sommes là pour apprendre sur nous-même et sur le monde qui nous entoure.
Le yoga est une philosophie, un art de vivre et un ensemble d’outils qui permettent d’apprendre constamment. Donc pour moi c’est à partager largement, généreusement et sans limite, sans frontière; et la journée internationale du yoga marque un moment spécifique dans l’année pour faire connaître le yoga et ses bénéfices.
Ses bienfaits sont naturellement ancrés depuis longtemps dans cette pratique ancestrale, toutefois il s’adapte aux différentes périodes que nous traversons et le yoga est toujours d’actualité. Le mettre à l’honneur m’a motivé à participer à la construction de ces journées internationales du yoga avec le mouvement Heartfulness.
La démystification du yoga et des idées préconçues qu’il porte me tient également à cœur dans l’ouverture proposé cette année. Il s’adapte à chacun et à tous les environnements, aux enfants, aux femmes enceintes, dans le cadre du travail, il s’adapte à tout le monde, et c’est ce que j’aime particulièrement dans cette approche et qui me donne envie de contribuer à sa diffusion de façon bénévole.
Votre expérience du yoga et comment avez-vous expérimenté le thème de l’unité?
J’ai travaillé 4 ans en Corée du Sud chez Samsung entre 2006 et 20210, j’étais au bureau du «chairman» pendant 2 ans, puis nous avons créé un véhicule d’investissement captif dédié aux énergies renouvelables que j’ai dirigé pendant 2 autres années. C’était une période très particulière parce que pour un non coréen il y a beaucoup de challenges à relever. L’anglais est un peu comme en France voire même moins pratiqué… j’ai passé des semaines entières sans rencontrer d’étrangers, sans parler l’anglais, et à participer très souvent à des réunions ou je ne captais que la moitié de ce qui était dit. Ça m’a amené des difficultés et des challenges vraiment importants.
Et dans ce contexte, l’approche de DHYANA, qui est un des volets de la pratique du yoga, la méditation, a été un point de repère important car tous les points de repères extérieurs étaient perdus. J’ai eu un passage qui n’était vraiment pas évident. La pratique de la méditation m’a permis de garder constamment cet équilibre, enfin plus ou moins évidemment – il y a toujours des hauts et des bas- l’équilibre est plutôt comme un objectif et c’est grâce à cette pratique que j’ai pu «garder le navire à flot». La méditation Heartfulness a été essentielle pendant cette période. Elle était mon point d’ancrage au quotidien. Mon cœur est devenu progressivement mon point de repère, mon compas, et il m’a permis de faire l’expérience de l’unité qui existe au-delà des codes, des normes culturelles et des langues.
J’ai fait des très belles expériences d’unité dans ces moments difficiles. Ça pose la question de ce qui génère ce sentiment d’unité.
On découvre l’unité dans de multiples contextes d’énergie positive comme par exemple: au milieu de la nature, disons que c’est là que ce serait le plus facile; quand nous sommes avec un être cher, quand on pratique un instrument de musique, dans un moment de sport collectif, avec un animal de compagnie aussi; et l’unité se manifeste parfois dans les moments de décroissance ou l’environnement semble «hostile» comme ces moments en Corée du Sud car de telles situations peuvent être une opportunité d’aller au-delà de toutes les différences. Pour moi le Yoga, notamment la pratique de la méditation, m’a aidé à dépasser toutes les frontières et séparations que l’on peut vivre dans la sphère mentale et dans le corps, et à gouter à ce sentiment d’unité dans la sphère du cœur.
Comment le yoga contribue à la santé de tous?
Le choix de mon intervention est sur Yoga et Climat. L’enjeu de la santé qu’il soit associé au contexte sanitaire actuel ou au changement climatique et à la perte de la biodiversité sur un temps plus long, est profondément lié à la séparation que nous avons créée avec la Nature extérieure. D’ailleurs dans le film « la Terre vue du cœur », l’astrophysicien Hubert Rives retrace cette séparation d’avec la Nature, pour nous en Francophonie ou en Europe, en remontant à Renée Descartes au 17e siècle, c’est l’un des premiers à considérer que l’Homme est supérieur à la Nature et peut agir notamment sur l’Animal comme il le souhaite. Depuis 4 siècles, cette séparation n’a fait que croitre, nous nous sommes séparés des différentes espèces qui composent la Nature et malheureusement aussi des autres êtres humains.
Ce dérèglement climatique que l’on peut vivre à l’intérieur dans cette séparation avec les uns, les autres et cette Nature extérieure, peut retrouver son équilibre par la pratique du Yoga, nous pouvons recréer ces liens. D’abord à notre Nature intérieure, en se reconnectant à la source, à ce qui fait que nous sommes tous unis. Ainsi nous pouvons ajuster nos trajectoires individuelles et collectives et intégrer l’enjeu du climat extérieur. Ces aller-retours entre notre Nature intérieure et extérieure sont au cœur de la résolution des difficultés actuelles. Avec cette compréhension, nous ne pouvons plus traiter les arbres, les humains, les animaux… comme nous le faisons. Restaurer cette connexion en nous avec la Nature permet de restaurer cette connexion avec la Nature autour de nous. Pour moi c’est le propos du yoga et c’est tout à fait lié au thème de la santé et de l’unité. Ainsi le yoga devient une solution pour le dérèglement climatique et chacun peut faire sa part en commençant par son propre éco-système tout en contribuant à l’éco-système Terre.
Le yoga en une phrase
Le retour à la source !
J’aime bien comparer l’espèce humaine aux saumons.
Nous avons exploré la vie, le monde manifesté, nous sommes passés par une immense diversité d’expériences et nous continuons à explorer. Et chez le saumon, à un moment ça s’allume, il sait qu’il est temps de revenir à la source. Et pour moi le yoga c’est le chemin du retour à la source.
Quel conseil à ceux qui hésitent encore à commencer le yoga?
D’abord précisons de quelle pratique de yoga parlons-nous?
La partie asana du yoga avec ses exercices posturaux, et pranayama, la science du souffle, sont assez accessibles et plus connus.
Mais le yoga va bien plus loin et intègre un champ de pratiques bien plus vaste.
Dhyana, la méditation, qui est pourtant au cœur du yoga, est encore un peu à démystifier pour la rendre plus accessible à tous. Ce qui la rend peut-être moins accessible c’est que quand on évoque la méditation, on a l’impression qu’on va perdre notre temps car on ne fait «rien». En même temps, tourner son regard vers l’intérieur, ça semble être aussi un challenge et un obstacle pour beaucoup de personnes. Pour ceux qui se retrouvent dans ces objections, je n’ai pas un argument mais un témoignage.
Aujourd’hui dans mon entreprise, j’ai des co-actionnaires, des dirigeants d’entreprises, avec lesquels je travaille qui sont des méditants sans le savoir. Ils sont incroyablement bons dans leur domaine, parce qu’ils sont incroyablement passionnés et parce que leur mental est totalement focalisé sur ce qui les passionnent à savoir le développement de projets solaires avec des motivations diverses que ce soit l’écologie ou l’activité économique. Dans notre entreprise, notre enjeu est d’intégrer et non opposer régénération et capitalisme, c’est le capitalisme régénératif. Quelques soit leurs motivations premières, dans tous les cas, leur passion est si forte, que tout leur mental est tourné vers un but défini. Ils sont en méditation constante, sans s’en rendre compte, sur ce qui les passionne et les anime.
Donc en fait méditer revient à être focalisé sur quelque chose qui nous passionne, c’est-à-dire sans aucun effort. Plus la passion grandit, plus cet état méditatif s’installe.
Avec Dhyana, on va tourner son attention vers l’intérieur et choisir un objet d’observation qui se trouve à l’intérieur de notre écosystème. Dhyana offre une multitude de sujets de méditation possible que ce soit des points dans la partie du cœur, du crâne… La seule différence entre une méditation sur quelque chose à l’extérieur ou à l’intérieur, c’est le sens!
La porte vers ce monde intérieur ce sont les yeux. De la même façon que le soir pour dormir, nous fermons les yeux et entrons dans le monde intérieur, nous pouvons fermer les yeux pour s’ouvrir à ce monde intérieur par la méditation, tout en demeurant conscient. En fait, c’un temps tourné vers l’intérieur qui nous permet de devenir plus conscient. Finalement méditer c’est aussi simple que d’aller dormir, c’est complètement naturel. Et plus on est passionné, plus c’est facile en fait!
En fermant les yeux, on vient juste poser un objet, une direction, une pensée et plus nous sommes passionnés par l’objet de méditation, plus on cultive cet état et cette aptitude.
Pour moi, ce qui me passionne, c’est le champ du cœur! C’est ce qui nous unit tous, c’est notre capacité à aimer, à comprendre, à écouter, à tous ces aspects qui font que l’être humain est une espèce bonne intrinsèquement!
Quel conseil à ceux qui hésitent encore à commencer le yoga?
Ma chance et ma malchance, c’est d’être impliqué dans les sujets de développement durable de manière professionnelle, je suis au cœur des enjeux de nos modèles de développement actuel. Et ça me touche. Par exemple la semaine dernière, j’étais avec les agriculteurs car nous travaillons sur des infrastructures solaires dans le contexte agricole. Et pendant ma tournée, au plus près du terrain, on voit la situation réelle. Et c’est touchant, la situation s’est dégradée de façon si importante en si peu de temps. Ce qui me semble incroyable, c’est notamment que le cerisier est aujourd’hui menacé de disparation sur le sol français!
Ce qui est parfois difficile c’est de réaliser que nous avons besoin d’un changement radical de conscience, d’évolution, et c’est pour cela que je parle de climat intérieur et extérieur, de nature intérieure et extérieure ou tout fait UN. C’est simplement un shift de conscience. Et méditer, c’est devenir plus conscient. En portant un peu d’attention chaque jour sur le champ du cœur, notre conscience évolue. Puis, nous développons la capacité à écouter la voix de notre conscience. Tout naturellement.
Et en fait, on voit chez les animaux que l’état d’abandon est plus évident, pas d’égo, pas de mental, tout est plus aisé. Cela ne passe pas par la conscience car il n y a aucune résistance. Pour l’être humain, la fonction du libre-arbitre nous donne la capacité de faire le meilleur ou le pire, c’est donc par le cheminement de notre conscience que tout se jour. Nous sommes la seule espèce qui a ce choix d’évolution ou de dégradation au niveau individuel et collectif. L’enjeu est donc de prendre en main l’évolution de notre conscience et c’est ce que permet le yoga. Cette palette d’outils nous permet d’évoluer et d’apprendre à vivre bien, ensemble, en harmonie, et d’être conscient de nos décisions et de leur impact.
Le yoga devient le trait d’union entre l’espèce humaine et la Nature.