Publié le 2 juin 2017 par l’équipe Heartfulness
Si vous aviez eu il y a cinq ou dix ans les connaissances qui sont les vôtres aujourd’hui, croyez-vous que votre vie aurait été différente ? Arrivé dans une voie après avoir fait un choix, vous êtes-vous demandé ce qui se serait passé si vous en aviez fait un autre ?
Laissez-moi vous raconter une histoire.
Un jour le Seigneur Krishna et son disciple Narada se promenaient sur les bords de la rivière Yamuna. La discussion dévia sur la question de maya (l’illusion), le pouvoir qui piège l’homme et l’absorbe dans le monde matériel.
Narada demanda : « Seigneur, comment peut-on se libérer des effets de maya ? »
Le Seigneur répondit : « Narada, voilà une question fascinante qui mérite d’être étudiée. Asseyons-nous un moment sous cet arbre et je vais t’expliquer. »
Alors qu’ils s’approchaient de l’arbre, le Seigneur dit : « J’ai soif, peux-tu s’il te plaît aller me chercher de l’eau ? »
Narada posa sa Veena (instrument de musique) et partit aussitôt chercher de l’eau à la rivière. En approchant, il se mit à chercher un pot afin de pouvoir rapporter de l’eau au Seigneur. Il vit une cabane sur la berge. Il se dirigea vers elle ; elle était bien entretenue avec un magnifique jardin composé de belles fleurs et de parterres de verdure. Il y avait même une étable. Il lui vint à l’esprit qu’il pourrait non seulement apporter de l’eau au Seigneur, mais aussi aller lui chercher une collation pour la fin de la journée.
Une superbe jeune femme lui ouvrit la porte. Narada en tomba aussitôt amoureux. Elle le fit entrer, lui offrit de la nourriture et Narada finit par la demander en mariage. Elle accepta et ils se marièrent. En l’espace de quelques années, ils eurent des enfants qu’ils élevèrent avec beaucoup d’amour. Un jour, la crue de la rivière menaça d’engloutir leur cabane. Narada, désireux de mettre sa famille en sécurité, fit en sorte de trouver un bateau. Ils y étaient tous montés lorsqu’une énorme vague le fit chavirer. Le courroux de la nature fit perdre à Narada tous les membres de sa famille. Paralysé par le chagrin, sa volonté de vivre déclina.
Il s’écria : « Seigneur, pourquoi moi ? »
Le Seigneur Krishna lui dit : « Tu es toujours là ? Et l’eau que tu devais m’apporter ? »
Narada se retrouva devant le Seigneur avec la Veena posée à ses pieds et se demanda :
« Alors tout cela était un rêve ? C’était si réel ! »
Le Seigneur répondit : « Narada, c’est l’effet de maya. »
Narada était sidéré : « Comment ai-je pu succomber à maya ? Ne suis-je pas votre disciple ? Pourquoi avez-vous mis aussi longtemps pour me soulager de cette détresse ? »
Le Seigneur répondit : « Lorsque tu as posé ta Veena, tu as également déposé avec elle le souvenir du Seigneur. Immédiatement, maya s’est emparé de toi. Lorsque tu as été dans la détresse, tu t’es souvenu de moi et tu t’es libéré de maya. Cela s’est produit quand tu étais devant moi physiquement et tu as alors été ramené à cette réalité. C’est ainsi que tout cela t’est apparu comme un rêve. »
Le yoga, c’est de toujours se rappeler avec qui je suis, sans qu’il y ait contradiction entre ce que je suis et ce que je devrais être. Le yoga, par définition, signifie être « uni à ». Lorsque nous sommes très amoureux, nous vivons vraiment cet état d’union dans lequel toute séparation entre l’amour, l’amoureux et la bien-aimée disparaît.
Alors le yoga est-il l’instrument de l’amour, qui nous aide à être un ?
Ouspensky avance la même idée dans son roman La vie étrange d’Ivan Osokin, dans lequel Ivan, un homme frustré par sa vie, se dit qu’il aurait mieux vécu s’il avait fait d’autres choix. Il passe toute sa vie dans le regret du « si seulement ». Un jour, il rencontre un magicien qui peut exaucer un souhait, pour autant qu’il soit légitime et serve au progrès personnel. Lorsqu’il s’approche du magicien et formule son souhait de choisir une vie différente, celui-ci se plie à contrecœur à sa requête. Ivan se retrouve alors dans un berceau et recommence à vivre sa vie depuis l’enfance. Confronté à des choix, il se retrouve à faire les mêmes qu’auparavant. Toute sa vie il a une impression de déjà-vu. Finalement il se retrouve face au même magicien, à formuler la même requête. C’est presque comme la loi du mouvement de Newton, qui affirme que : « Tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement uniforme dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n’agisse sur lui ».
Quelle est cette force ?
Le yoga, c’est ce qui comble l’écart entre ce que je suis et ce que je devrais être.
Des films comme ‘Groundhog Day’ (Le jour de la marmotte), ‘Edge of Tomorrow’ (Un jour sans lendemain), ‘17 again’ (17 ans encore), explorent des thèmes similaires, présentant une sublime pratique yogique : savoir qui je suis, apprendre à faire quelque chose et être qui je dois être.
À l’occasion de la Journée Internationale du yoga , mettons-nous au défi d’aller au-delà de l’aspect physique du yoga et d’essayer d’intégrer à notre véritable soi les différentes personnalités qui lui sont inhérentes. Si cela est un énorme défi, permettez-moi de vous poser cette question : quelle est votre asana (posture yogique) préférée et pendant combien de temps pouvez-vous la tenir ? Pouvez-vous la tenir le temps prescrit qui, selon Goraksha Samhita, est de deux heures (GS 2.54-2.58) ? Si oui, vous êtes déjà sur la voie de la réalisation de soi. Sinon, vous avez du pain sur la planche ; essayez soit Siddhasana (posture parfaite) ou Padmasana (lotus) et tenez-la au moins deux heures sans musique, sans télévision, sans livres ou toute autre forme de distraction pendant l’exercice.
Vous pourriez également faire appel à l’un de nos pratiquants heartfulness , lui apprendre une asana et méditer avec lui à l’aide de la transmission yogique, qui facilite automatiquement l’ajapa, forme élevée du souvenir qui ouvre la porte du véritable soi, enfoui à l’intérieur. Le résultat d’une vie yogique parfaite c’est lorsque nous pouvons dire « Je suis cela » en toute occasion et être heureux en toute circonstance.
Bonne journée du yoga !
Nous vous invitons à vous joindre à nous le 21 juin, Journée Internationale du Yoga, pour regarder une diffusion en direct (live webcast here) de Daaji, à partir de 3heures 30, et accessible toute la journée.
Article de Bhavani Shankar, formateur Heartfulness à Toronto, Canada
Bhavani Shankar est pratiquant et formateur heartfulness ; il prône la santé holistique intégrant l’âme, l’esprit et le corps. Initié à la médecine ayurvédique (Ayurveda acharya) et exerçant la profession de consultant en informatique, il vit avec sa famille à Toronto, au Canada.
