stress.jpgStress et énergie – Comment vivre au XXIe siècle?

A notre époque, les gens souffrent d’épuisement professionnel ou de divers types de burnout, comme jamais auparavant. Sanjeev Sharma, Ph. D., qui s’attaque aujourd’hui à l’une des causes de maladie les plus répandues qui soient, le stress qui serait à 80% à l’origine de maladies nous accorde une interview.

Pourquoi tant de stress ?

Il est facile de comprendre pourquoi. Entre nos téléphones portables et nos messages instantanés – sans parler de nos engagements et de nos responsabilités personnelles, professionnelles et familiales – il nous arrive d’être «de garde» 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Peu importe combien nous en faisons, notre liste de choses à faire ne cesse de s’allonger… Et c’est sans oublier d’autres menaces comme le terrorisme, et d’autres nouvelles maladies infectieuses propres à faire grimper notre niveau d’anxiété.

Le simple fait de penser à tout cela peut suffisamment nous inquiéter pour compromettre notre sommeil, ce sommeil dont nous avons si désespérément besoin pour reconstituer nos réserves d’énergie en voie d’épuisement. À la fois fatigués et tendus, nous dissimulons nos bâillements et parvenons avec peine au bout de nos journées. Ce tableau vous est familier? Vous faites peut-être partie de ces millions de personnes dans le monde qui dépensent chroniquement plus d’énergie qu’elles n’en ont. Ce déséquilibre a d’énormes répercussions à la fois sur le corps et l’esprit. C’est aussi aujourd’hui une des principales causes de maladie dans le monde développé, où le stress est à l’origine d’environ 80% des problèmes de santé. Pour vous donner une idée des effets qu’a sur votre santé cette dépense excessive de vos réserves d’énergie, imaginez votre corps comme une batterie de voiture qui fournirait constamment du courant sans jamais se recharger complètement. Un jour ou l’autre elle serait à plat et le moteur s’arrêterait.

Finalement, nous sommes énergie ?

Nous avons tendance à voir notre corps comme une structure solide, avec des os, des muscles, des organes, des artères et des veines où le sang circule. En réalité, la matière solide qui compose le corps humain pourrait tenir dans un dé à coudre. Le reste, c’est de l’espace – à l’intérieur des cellules, entre les cellules, et entre les organes. Ce qui connecte et anime tous ces éléments, c’est l’énergie que produisent nos cellules. C’est ce qui nous fait avancer. Et si l’apport énergétique est insuffisant, notre santé en pâtit. Les anciens guérisseurs chinois ont compris cela il y a des milliers d’années. Ils ont conçu l’acupuncture, une discipline thérapeutique qui agit directement sur les centres énergétiques du corps. De même pour les scientifiques et maîtres spirituels indiens d’antan: ils ont développé des techniques de yoga afin d’accroître le prana, terme védique pour désigner la force vitale. Ils avaient compris que l’énergie qui anime nos corps est la ressource humaine la plus précieuse qui soit et que, tout comme celle qui chauffe nos maisons et propulse nos voitures, elle n’est pas infinie.

Comment utiliser notre énergie avec sagesse ?

En faisant tout notre possible pour ne jamais l’épuiser ! Le fait de demander constamment à notre corps de fournir de l’énergie sans la renouveler a un impact négatif sur notre santé et notre bien-être. Tant que nous n’aurons pas appris à maintenir l’équilibre entre la quantité d’énergie que nous brûlons et celle que nous stockons, nous ne nous sentirons pas au mieux de notre forme. Or toute action, toute pensée, toute émotion, et particulièrement le stress, consomme de l’énergie.

D’où vient toute cette énergie, au juste?

Chaque cellule produit sa propre énergie grâce à ses mitochondries. Ces structures microscopiques transforment les nutriments des aliments en énergie qui est stockée dans des molécules, l’ATP (adénosine triphosphate) et la CP (créatine phosphate), qui toutes deux transportent et libèrent de l’énergie selon les besoins. L’information qui régit notre production d’ATP et de CP est encodée dans notre ADN. Lorsque nos mitochondries produisent ces molécules en quantité suffisante, nos cellules ont assez d’énergie pour mener à bien toutes les activités biologiques nécessaires à notre bon fonctionnement. Mais quand nos mitochondries ne peuvent répondre à la demande, nous risquons une crise énergétique cellulaire. Autre facteur qui peut nuire à la capacité de nos mitochondries à produire de l’énergie: les atteintes à notre ADN et aux membranes cellulaires.

Quel est le rôle des radicaux libres ?

Ces radicaux libres, qui sont des dérivés réactifs de l’oxygène, causent des ravages dans notre corps ; ils endommagent notre ADN et s’attaquent aux composants essentiels de nos cellules. Cela dit, ces molécules instables ont également un potentiel bénéfique puisqu’elles contribuent à détruire les virus et les bactéries infectieuses. Les expressions «stress oxydatif» et «dommages oxydatifs» font référence aux dégâts causés par les radicaux libres à notre ADN, nos parois cellulaires et nos protéines. À mesure que s’amplifient ces ravages, la capacité de nos cellules à générer de l’énergie diminue. Cela peut conduire à la mort cellulaire, aux lésions tissulaires, au vieillissement et aux maladies dégénératives liées à l’âge. Avec leur taux métabolique très élevé, nos cellules cérébrales sont des consommatrices d’énergie extrêmement voraces. Elles sont donc particulièrement vulnérables en cas de dommages oxydatifs et de crises énergétiques. Un déficit d’énergie entraîne la perte de neurones, ce qui accélère le vieillissement cérébral et favorise l’apparition de maladies dégénératives, comme l’Alzheimer et le Parkinson. Le stress oxydatif peut donner lieu à d’autres problèmes : douleurs thoraciques, crise cardiaque, hypertension artérielle, irritations gastriques, ulcères, affaiblissement du système immunitaire et autres complications, selon les vulnérabilités individuelles. Il peut également entraîner l’impuissance chez l’homme et l’arrêt des menstruations chez la femme. Si nous voulons briser le cycle du stress, nous devons bien comprendre les conséquences d’un épuisement énergétique sans renouvellement d’énergie, car c’est précisément ce qui se produit lorsque notre système de réponse au stress est suractivé sur de longues périodes. Rappelez-vous que 80 % des maladies sont déclenchées ou aggravées par le stress !

Comment décrire l’équation stress-énergie ?

La recherche médicale a découvert que notre système de réponse au stress assurait aussi la régulation de notre énergie. Et puisque ce système consomme lui-même de l’énergie, il peut également souffrir d’épuisement chronique. Les deux principaux composants de notre système de réponse au stress sont la branche sympathique du système nerveux autonome et l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénal (HHS). Le système nerveux autonome régule les fonctions involontaires du corps : fréquence cardiaque, pression artérielle, dilatation et contraction des vaisseaux sanguins, respiration, digestion et activité des muscles lisses. Il se compose lui-même de deux branches : le système sympathique et le système parasympathique, qui s’équilibrent mutuellement. La branche sympathique libère les hormones qui accélèrent le rythme cardiaque et la respiration. La branche parasympathique, à l’inverse, les ralentit. L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénal régule les hormones surrénales qui jouent un rôle dans l’équilibre de différents systèmes du corps, y compris le stockage et la libération d’énergie, l’inhibition de la réaction immunitaire et la reproduction. Ce système sophistiqué de réponse au stress est prévu pour être activé pendant des périodes relativement courtes, suivies d’intervalles plus longs de récupération et de régénération.

Ce système est-il efficace ?

Il était très efficace lorsque nous étions des chasseurs cueilleurs contraints de fuir ou de combattre les ours et les tigres, ou même quand nous vivions dans des agglomérations rurales. Des périodes de repos succédaient alors aux épisodes stressants. Aujourd’hui, avec la vie urbaine moderne et ses agressions chroniques de toutes sortes, nos hormones du stress se déversent en permanence! Autrement dit, ces hormones, qui sont essentielles à notre survie à court terme, maintiennent notre corps en constant état d’alerte. Résultat: nos cellules sont incapables d’effectuer des réparations critiques ou de reconstituer leurs réserves d’énergie.

Comment éviter la « crise énergétique » ?

Nous pourrions comparer le système nerveux parasympathique à une agence interne de protection de l’environnement. De même que les limitations de vitesse permettent d’économiser du carburant, le système parasympathique réduit les dépenses énergétiques en ralentissant les rythmes cardiaque et respiratoire, et en apaisant le cerveau. Les cellules peuvent ainsi diminuer leur production d’énergie et libérer moins de radicaux libres, ce qui donne aux défenses cellulaires la possibilité de neutraliser ces radicaux libres et de faire des réparations avant que la situation n’empire au point de faire perdre aux cellules leur capacité de produire de l’énergie. Une réponse nouvelle à un problème ancien Depuis quelques années, la recherche médicale a découvert le rôle crucial du système nerveux parasympathique dans la guérison des atteintes corporelles causées par le stress.

Quel est le rôle du système nerveux parasympathique ?

Les scientifiques avaient longtemps cru que la meilleure façon de lutter contre le stress était simplement d’inhiber la réponse du type «fuite ou combat» activée par le système sympathique – sous-estimant par là l’importance de la restauration des réserves d’énergie, qui est le travail du parasympathique. Lorsque nous subissons un stress, le système sympathique augmente notre rythme cardiaque et donne au corps le signal de brûler plus d’énergie. Mais à son tour le système parasympathique ralentit le cœur et conserve l’énergie. Des études montrent que cette action calmante nous protège des dommages liés au stress, et l’on reconnaît désormais le potentiel thérapeutique d’une amélioration de la fonction parasympathique.

C’est le rôle du « nerf vague » ?

Le nerf vague, qui représente le plus grand faisceau de nerfs parasympathiques, joue un rôle important dans les interactions entre le mental et le corps, en particulier dans les cas de réactions automatiques, impossibles à maîtriser, qu’on appelle «viscérales». Donc la prochaine fois que vous aurez une réaction incontrôlée d’angoisse, de trac, de haine ou de violence, sachez que votre nerf vague vous parle! Or s’il est relativement facile d’acquérir une compétence nouvelle, comme maîtriser un nouveau programme informatique, par exemple, il est pratiquement impossible de réprimer une réaction viscérale. C’est qu’il s’agit de réactions émotionnelles qui sont constitutives de notre personnalité et donc difficiles à modifier. Cela dit, c’est possible.

Comment faire ?

En faisant appel à des expériences émotionnelles positives. Ainsi, des relations harmonieuses, une nutrition saine, la libération de notre expression créatrice, des pratiques spirituelles telles que la méditation et le yoga, ou encore de nombreuses formes de psychothérapie, constituent autant de voies pouvant nous aider à nous libérer de notre hyperréactivité. En deux mots, efforcez-vous d’intégrer les aspects matériel et spirituel de votre vie et vous gérerez mieux le stress chronique de la vie urbaine au XXIe siècle.

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