Un cheminement du ressentiment à la sérénité.
BARBARA J. LEVIN O’RIORDAN se sert d’une vieille blessure émotionnelle pour apprendre à pardonner et à faire activement des choix qui mènent à la guérison au lieu de favoriser le ressentiment et la souffrance.
Il y a quelques semaines, je me suis souvenue d’avoir été douloureusement humiliée par quelqu’un. Cela remontait à très, très longtemps. Je pense que j’étais encore adolescente, et la personne qui m’avait fait honte était plus âgée que moi. Nous étions dans une situation où elle était ma supérieure et avait du pouvoir sur moi. Elle est morte il y a quelques années.
Après avoir évacué ma colère en racontant mon histoire à des amis, j’ai commencé mon processus de pardon.
D’abord je me suis rappelée que j’étais maintenant plus âgée que la personne ne l’était quand elle m’avait humiliée et que je pouvais envisager la question d’un point de vue adulte.
J’ai compris qu’en m’humiliant elle avait manqué une occasion de m’enseigner quelque chose. Et cette compréhension m’a aidée à guérir de ma propre honte.
En y réfléchissant, j’ai fini par comprendre qu’en me faisant honte elle avait manqué une occasion de m’enseigner quelque chose. Et cette compréhension m’a aidée à guérir de ma propre honte. Je n’étais pas stupide, contrairement à ce qu’elle avait laissé entendre – j’avais juste besoin d’apprendre une leçon.
Elle avait fait un choix malheureux, me rabaisser au lieu de m’instruire.
J’ai pressenti qu’elle venait – comme tous ceux qui se comportent de façon blessante – d’un lieu de douleur et de manque.
J’ai aussi imaginé qu’elle avait peut-être passé par un mauvais moment, ce jour-là, et que j’avais pu l’énerver par mon comportement juvénile. Cela ne l’excusait pas, mais me permettait d’éprouver de l’empathie à son égard.
Finalement, je lui ai écrit une lettre – que je n’ai pas envoyée.
Malgré tout, le processus de pardon n’était pas achevé. Il ne débouchait toujours pas sur l’amour. Je conservais encore en moi l’image de quelqu’un qui m’avait fait honte. Et j’avais le sentiment que je ne lui rendais pas service en lui gardant rancune. Soudain, il m’est venu l’idée que cette personne voulait être pardonnée plus profondément.
Alors j’ai fait un choix.
J’ai choisi de croire que l’âme de la personne qui m’avait blessée cherchait le pardon. Peut-être avait-elle même prié pour que ce vieux souvenir me revienne et m’encourage à lui pardonner. Peut-être était-il revenu pour que je puisse moi-même guérir de cette vieille blessure et qu’elle soit pardonnée et guérie, elle aussi.
Chaque âme finit certainement par chercher le pardon. Et peut-être que le monde serait reconnaissant de recevoir davantage de cette bienveillance volontaire, si l’on considère ses blessures qui de jour en jour s’aggravent.
Quand j’ai choisi de croire cela, tout a changé.
J’ai choisi de croire que cette personne se repentait de tous les moments où elle avait rabaissé quelqu’un; qu’elle planifiait une nouvelle vie dans laquelle elle ne faisait pas honte aux autres pour anesthésier sa propre douleur. J’ai choisi de croire que son âme cherchait ainsi un soulagement.
Je choisis maintenant de croire que toutes deux nous unissons nos efforts pour corriger ce qui s’était si mal passé et créer une nouvelle réalité. Si nos cœurs peuvent s’unir dans un effort commun pour réparer ce qui a été brisé, notre histoire, commencée il y a tant de décennies, pourra finalement trouver une issue heureuse.
Aussi, à la lumière de ce récit, je vous demande, lecteurs et amis, de prendre en compte ce message. Je choisis de croire que la personne qui m’a jadis couverte de honte se joint maintenant à moi dans ce qui suit:
«Quand vous vous adressez à ceux qui vous sont subordonnés – vos employés, élèves ou étudiants, vos enfants, vos paroissiens, les gens que vous encadrez et ceux qui nettoient votre bureau – sachez que vos paroles ont un pouvoir, qu’elles peuvent rester en eux leur vie entière. Rappelez-vous: toute occasion de rabaisser quelqu’un peut aussi bien être l’occasion de lui enseigner quelque chose, de l’enrichir et de l’amener à se responsabiliser.»
Si l’un de vous peut entendre cela et s’en souvenir, j’aurai avancé dans mon processus de guérison et je veux croire que ce sera pareil pour la personne qui m’a blessée.
Je pense que je peux aussi choisir de croire que toute personne qui me fera du mal à l’avenir sera déjà en train d’implorer mon pardon au moment même de son acte.
Dans Découvrir un sens à sa vie, Victor Frankl affirme que nous avons le droit de choisir les croyances qui rehaussent notre humanité, surtout si ce choix se fait consciemment. Lorsqu’il a été déporté dans un camp de concentration, il a choisi de se respecter lui-même, de croire qu’un jour il serait libéré et écrirait un livre qui apporterait de l’aide à d’autres par son témoignage.
De fait, Frankl a été libéré et des millions de personnes ont lu son livre et y ont puisé aide et encouragement.
Si nos cœurs peuvent s’unir dans un effort commun pour réparer ce qui a été brisé, notre histoire, commencée il y a tant de décennies, pourra finalement trouver une issue heureuse.
Certains pourront dire que choisir de croire comme je l’ai fait n’était qu’un exercice de faux-semblant. Mais, en quoi aurais-je pu me tromper? Chaque âme finit certainement par chercher le pardon. Et peut-être que le monde serait reconnaissant de recevoir davantage de cette bienveillance volontaire, si l’on considère ses blessures qui de jour en jour s’aggravent.
M’exercer à choisir de croire m’a transformée. Il me semble que mon univers s’est élargi. Je réfléchis maintenant à d’autres convictions que je pourrais adopter et qui pourraient me renforcer, moi et les autres, et nous aider à grandir.
Alors, qu’allez-vous choisir de croire?