Il faut parvenir à se placer suffisamment
en retrait du mental pour découvrir
ce qui n’en fait pas partie – alors sa nature
nous apparaît.

En fin de compte, il y a quatre choses que nous devons connaître: le monde, le mental, le cœur et nous-même, c’est-à-dire la personne qui fait l’expérience des trois autres. Une fois que nous connaissons la nature de ces quatre choses, nous savons tout ce que nous devons savoir. Le tout est de déterminer jusqu’où nous devons explorer chacun de ces aspects pour en saisir la nature.

Commençons par le monde. Quelle est la nature du monde qui nous entoure? C’est un sujet qui paraît très vaste, mais au sens le plus large, c’est en fait assez simple: la nature du monde est l’existence de la forme. Un champ d’énergie s’est manifesté sous une myriade de formes, conformément à des lois sous-jacentes. C’est à peu près tout. Nous n’avons pas besoin de connaître le comportement de chaque espèce qui vit dans l’eau et sur la terre pour connaître la nature du monde. Nous devons simplement constater que l’eau et la terre existent, et que des animaux y vivent. C’est suffisant pour explorer la nature des choses. Le monde est quelque chose qui existe, et dont on peut faire l’expérience. Il était là avant notre arrivée sur terre, et il sera là après notre départ. Inutile de l’analyser: ouvrons les yeux, et nous verrons les myriades de formes que la création a fait naître.

L’ essentiel est d’être conscient que le monde n’a rien à voir avec nous, qu’il existe en dehors de nous. On s’en rend bien compte en pensant à des planètes lointaines comme Mars et Jupiter. Ce ne sont que deux planètes en orbite autour d’une étoile, notre Soleil. Le fait que nous puissions les regarder au télescope ne signifie pas qu’elles aient quoi que ce soit à faire avec nous. Nous ne serons plus là dans quelques années, mais ces deux planètes et leur étoile poursuivront leur course pendant des milliards d’années. De plus, le cosmos contient des myriades d’étoiles, qui toutes existent indépendamment de nous. Même la planète Terre existe en-dehors de nous. Elle n’est qu’une des planètes qui gravitent autour d’une des étoiles de l’univers. Cela dure depuis cinq milliards d’années, et nous n’y sommes absolument pour rien.

Au sens le plus large, telle est donc la nature du monde qui nous entoure. Sa nature est l’existence, la forme, et cela n’a rien à voir avec nous. Nous ne sommes que ceux qui font l’expérience de l’existence de la création.

Mais de quoi, dans cette création, faisons-nous réellement l’expérience? Il n’y a pas de nombre assez petit pour définir la part de ce que nous connaissons par rapport à celle que nous ignorons. Voyez à quel point notre champ de vision est limité: nous ne voyons même pas ce qui se passe derrière nous ou chez le voisin. Quel pourcentage de tout ce qui se produit dans l’univers en cet instant nous échappe-t-il? La quantité de ce que nous pouvons en voir à un moment donné est pratiquement nulle: c’est moins que ce que représente un grain de sable par rapport au sable de toutes les plages du monde. Alors pourquoi imaginer que l’univers ait quoi que ce soit à voir avec nous? Il faut nous réveiller et envisager le monde dans une perspective universelle.

Quand on prend suffisamment de recul, la nature du monde nous apparaît clairement. Il en va de même pour la nature du mental.

Quelle est la nature du mental? En réalité il est plus facile de comprendre la nature de l’univers entier que de saisir celle du mental; non pas du fait de sa complexité, mais parce que les arbres nous cachent la forêt. Nous ne pouvons voir le mental, parce que nous sommes perdus dans nos pensées. Nous sommes obnubilés par elles au point de ne pouvoir prendre le recul nécessaire pour voir ce qui les crée. Il faut parvenir à se placer suffisamment en retrait du mental pour découvrir ce qui n’en fait pas partie – alors sa nature nous apparaît.

C’est la méditation qui nous donne cette perspective. En méditation profonde, nous voyons le mental au loin, comme lorsque nous regardons une étoile. Si nous pouvions nous approcher d’elle, nous la verrions non pas comme un point scintillant dans la nuit, mais comme une boule de feu géante. Pour voir ce qui est «étoile», il faut pouvoir distinguer ce qui est «non-étoile». Il en va de même pour le mental. Quand nous prenons du recul en plongeant profondément dans notre Soi, nous pouvons voir le mental à distance, en train de jacasser. Mais à sa périphérie il ne produit pas ce bavardage, et au-delà de ses limites règne un silence total. Autrement dit, en méditation profonde il n’y autour de nous que paix, sérénité et calme absolus. Mais si nous dirigeons notre attention vers le mental personnel, nous entendons du bruit. Ainsi, le fait de «voir» le mental silencieux, nous permet de distinguer le mental qui génère les pensées.

Cela dit, nous n’arrivons pas à maintenir cette perspective très longtemps. Nous nous perdons rapidement dans nos pensées. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas voir la nature du mental. Dans son sens le plus pur, la nature du mental est un champ d’énergie non manifestée, laquelle a le pouvoir de se manifester sous forme de pensées. Le mental est en quelque sorte un océan d’énergie dans lequel les pensées se forment comme des vagues. Elles vont et viennent, tout comme les vagues montent et descendent dans l’océan. Chaque pensée est différente, de même que chaque vague est différente, alors qu’elles sont toutes des manifestations du même océan.

Le mental est un champ d’énergie qui existe entre nous (l’Être intérieur) et le monde que nous voyons. Ce champ d’énergie est régi par des lois qui amènent les vaguelettes de pensées à se manifester de telle ou telle façon. Tout comme les scientifiques étudient les vagues pour en comprendre le comportement, vous pouvez faire de même avec vos pensées. Vous verrez qu’il y a des lois qui déterminent la manière dont le mental crée les pensées. Si je pouvais savoir tout ce qui vous est arrivé au cours de votre existence, je connaîtrais toutes les données qui ont programmé votre mental. En prenant la juste mesure de tous les facteurs en cause, je pourrais prédire quelles pensées vous viendraient à la vue de telle ou telle chose dans le monde. En effet, le mental a enregistré certaines impressions et appris des schémas qui, tout en demeurant sous-jacents, déterminent la façon dont les pensées se manifestent.

Notre mental est la somme des expériences que nous avons intégrées. Toutes celles que nous avons faites à travers nos sens ont laissé des impressions sur le champ d’énergie qu’est le mental. Sur la base de ces impressions, le mental génère différentes pensées à différents moments. C’est de là que viennent les pensées. Lorsque le monde sensoriel pénètre dans notre mental, celui-ci crée des pensées conformes aux schémas qu’il a mémorisés. Une fois que nous avons pris conscience de ce phénomène, nous réalisons qu’il s’est répété durant toute notre vie. Quels que soient les points sur lesquels nos sens se sont focalisés, ils ont programmé notre mental. Il ne faut voir là aucune planification: notre mental a simplement enregistré les événements qui se déroulaient là où notre regard se portait. Si l’un ou l’autre de ces événements n’avait pas eu lieu, ou si nous avions regardé dans une autre direction, notre mental aurait été programmé différemment, et nous penserions selon d’autres schémas. S’il n’y avait qu’une chose à comprendre et à retenir, ce serait celle-là.

Chaque seconde, nous faisons l’expérience d’une infime portion du monde, et pourtant ces événements qui s’inscrivent dans notre mental nous sont présentés ensuite comme la vérité absolue. Or c’est loin d’être le cas, et il est essentiel, pour connaître la vérité, de comprendre la dynamique selon laquelle le monde programme notre mental. Nos pensées n’ont rien de sacré, et elles n’ont vraiment rien à voir avec nous. Elles ne sont que le résultat des impressions déposées sur notre mental. Nous pouvons donc regarder nos pensées aller et venir avec le même détachement que nous contemplons les vagues de l’océan.

Or ce n’est pas ce qu’on fait – on y croit vraiment. Quand une pensée surgit, elle devient tout notre univers. Chacune de nos décisions est basée sur nos pensées. Nous sommes presque en adoration devant elles. Plus que ça: nous croyons être nos pensées. Supposons qu’en ce moment même vos pensées se mettent soudain à déclarer: «Je n’aime pas cet article. Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit», de quoi s’agirait-il? Ce ne seraient que des pensées formées au sein du mental. Pas une seule de nos pensées n’échappe à cette programmation par nos expériences.

Le mental réagit en fonction des impressions
qui l’ont programmé, et ce que nous prenons
pour nos pensées sont les ondes provoquées
par cette réaction.

La somme de toutes ces impressions détermine ce qu’on pense. Ensuite, on prononce tout haut ce que nos pensées nous soufflent intérieurement. Notre mental nous dit littéralement quoi dire, et nous le répétons. N’est-ce pas effrayant? Presque personne n’en parle, et rares sont ceux qui l’expliquent. Quel que soit le niveau de nos études, nous n’avons jamais suivi de cours qui nous explique ce qui se passe dans notre mental. Au lieu de nous enseigner sa nature, on s’efforce de le programmer. Comment sommes-nous censés nous libérer?

Le mental réagit en fonction des impressions qui l’ont programmé, et ce que nous prenons pour nos pensées sont les ondes provoquées par cette réaction. Nous croyons prendre des décisions, mais ce n’est pas le cas. Par exemple, nous regardons quelqu’un et notre mental nous dit: «Je ne l’aime pas.» C’est peut-être dû au fait que la chemise de cet homme a réactivé une mauvaise expérience de notre enfance. Nos attirances, nos aversions et toutes nos opinions sont déterminées par les impressions inscrites dans notre mental. Alors comment pouvons-nous affirmer que nos choix sont les nôtres? Nous ne faisons que suivre la programmation de notre mental.

Mais il existe une chose encore plus puissante que le mental pour influencer notre façon d’interagir avec le monde: notre cœur. Le cœur ne fait pas partie du champ d’énergie qui crée les pensées. Comme toute chose dans la création, il a sa nature propre.

L’image qui représente le mieux le cœur est celle d’un champ d’énergie dans lequel des courants d’intensité variable circulent dans différents sens. Ces courants, tels des vecteurs d’énergie, peuvent se diriger vers quelque chose ou s’en éloigner, et si leur flux est bloqué, cela peut causer de graves perturbations. Nous faisons fréquemment l’expérience de ces courants. Quand nous apercevons une chose qui attire notre cœur, il se crée un vecteur d’énergie qui s’oriente vers elle. Et subitement, elle nous attire comme un aimant. Notre mental a beau dire: «Non, je ne veux pas faire ça, ça pourrait me créer des ennuis», l’attraction du cœur reste très puissante. Cela montre à quel point le cœur et le mental sont distincts l’un de l’autre.

À suivre

© 2012 by Michael A. Singer. Cet article est une transcription remaniée d’un extrait d’un CD audio The Clarity of Witness Consciousness Lecture Series: The World, the Mind, the Heart, and You, publié par Shanti Publications © 2009 Michael A. Singer.

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